J’ai assisté hier soir à la réunion d’information ( et non de concertation !) organisée par l’équipe municipale concernant le réaménagement du quai des Célestins. Une vingtaine de personnes était présente.
Sur le constat, rien à dire. Je partage l’analyse de Dominique Bertinotti quand elle indique « l’impératif de sécurisation » du quai étant donné le caractère hautement accidentogène des lieux. Pour avoir matin et soir, durant des années, à la sortie du métro Pont-Marie, traversé cette voie, j’ai pu mesurer la dangerosité de l’endroit. Je ne peux également que m’associer à la légitime ambition de limiter les nuisances sonores.
Quant au projet d’aménagement lui-même, il ne peut être rejeté en bloc. En résumé, il s’agit de limiter le nombre de voies à quatre : deux entrantes (en direction de l’hôtel de ville), deux sortantes (en direction de la porte de Bercy). Bon pourquoi pas ! Et puis, ça correspond bien à la politique municipale de limiter le nombre de voiture à Paris. On peut être pour ou contre mais c’est cohérent avec le reste de l’œuvre de Monsieur Delanoë en matière de circulation. A cela, on ajoute des arbres, 11 si j’ai bien compté. Là également, pas de quoi à s’époumoner contre la Mairie. Je m’interroge sur la nécessité de rajouter quatre arbres en prolongement (vers l’Hôtel de ville) du square Henri Gally. Ces arbres pourraient être dangereux pour des automobilistes ne connaissant pas la difficulté du virage. Mais bon, passons. Enfin le long des habitations, il est prévu une piste cyclable bidirectionnelle. Attention il ne serait pas politiquement correct de dire que l’on est contre. Donc je suis pour ! Simplement, le trottoir étant à la même hauteur que la piste, nos amis cyclistes devront avoir une conduite civique notamment vis-à-vis des personnes âgées, enfants ou des parents ayant une poussette. Il ne faudrait pas que les accotements se transforment en vélodrome. A ce sujet, il me paraît urgent de sensibiliser beaucoup de cyclistes parisiens au code de la route et aux règles élémentaires du savoir-vivre. La Mairie de Paris s’honorerait d’une telle démarche. En vélo comme en voiture tout n’est pas permis.
Le problème c’est que ce projet (certes sympathique !) ne répond pas au constat partagé que j’évoquais. Il n’incite pas assez les automobilistes à ralentir. Il ne répond absolument pas à la demande des riverains de lutter contre le bruit.
Certains automobilistes confondent ce quai avec une autoroute. Il y a eu plusieurs accidents mortels de l’aveu même des services de la mairie. Dans le projet que l’on nous propose, rien n’est fait pour lutter contre les excès de vitesse. A regret, je note qu’il y a pas d’installation de radar permanent. Il n’y a pas non plus d’installation d’un revêtement incitant à ne pas dépasser les 50 km/h.
Il en est de même pour la lutte contre les nuisances sonores. Des solutions existent notamment par l’installation de revêtement anti-bruit. Il nous a été répondu hier que l’on verrait plus tard. Qu’éventuellement, on ferait à nouveau des travaux lors de la prochaine mandature. Mais pourquoi attendre ? C’est ahurissant. C’est choquant. Cela me rappelle étrangement la politique engagée pour les couloirs de bus (rappelez-vous ceux de la rue de Rivoli). On nous annonce des travaux qui en annoncent d’autres. On fait des travaux pour communiquer. On gêne les riverains. Puis conscient de la médiocrité du résultat, on dérange à nouveau les riverains. Et au final, on abuse du contribuable parisien. Le coût du projet est 1,1 millions d’euros pour 450 mètres aménagés, je vous laisse juge d’apprécier si on doit dépenser la même somme dans 2 ou 3 ans pour mettre les revêtements anti-bruit. Voilà la méthode du trio Delanoë-Baupin-Bertinotti.
A 18 mois des élections municipales, le phénomène s’aggrave. Il faut tout faire en même temps. Il faut tout entreprendre pour essayer d’avoir un bilan. Cela devient maladif. Il faudra m’expliquer pourquoi les travaux du quai des Célestins s’effectuent en parallèle à ceux du terre-plein Saint-Paul (lesquels ont commencé alors que ceux de la rue des Rosiers n’étaient pas terminés). Ces deux projets entraînant un afflux de véhicules rue de Fourcy, rue des Nonnains d’Hyeres et rue Saint Paul et causant de nombreux ralentissements, sources de pollution sonore dans le quadrilatère (rue Saint-Antoine/Rue de Fourcy et rue des Nonnains d’Hyeres/Quai des Célestins/ Rue Saint-Paul). Quel manque de cohérence ! La municipalité ne pouvait-elle échelonner dans le temps. Le rôle d’un maire d’arrondissement, c’est de planifier. Ce travail n’a pas été fait par Madame Bertinotti.
A cette absence de rationalité dans la réalisation des travaux s’ajoute au mieux l’ingénuité au pire l'incompétence. A la question d’un riverain qui s’inquiétait, à juste titre, de savoir si on avait effectué une étude relative au report des voitures empruntant actuellement le quai des Célestins, il a été répondu par la négative. Cette réponse est apparue comme naturelle à son auteur. Elle n’a pas eu l’air d’émouvoir les élus présents à la tribune. Un technicien de la ville a benoîtement indiqué que le surplus de voitures s’éventerait, sans doute, par le boulevard Henri IV ou le Quai Saint-Michel. Face à tant de désinvolture, j’avoue en être resté coi ? Il y a 30 000 véhicules/ jour qui circulent quai des Célestins. En passant de 6 à 4 voies, les services de voiries pensent pouvoir en « absorber » plus que 20 000. Que fait-on des 10 000 restants ? Si ils doivent prendre les itinéraires bis proposés par la Mairie, j’invite les automobilistes concernés à s’armer de patience. Vous pouvez le vérifier en allant à 8h00 du matin Quai Saint-Michel et à 18h00 sur le Pont de Sully puis sur le boulevard Henri IV. Quant aux riverains, je leur conseille d’installer un triple vitrage.
A l’instar du Plan Local d’Urbanisme en juin ou du Plan de Déplacement de Paris actuellement proposé par le sieur Baupin, ce projet de réaménagement du quai des Célestins est bâclé. Le diagnostic de Madame le Maire était bon. Dommage qu’elle confonde vitesse et précipitation.