Si je suis élu Maire du 4ème arrondissement en mars prochain, je me rendrais dans un établissement scolaire le 22 octobre 2008 pour lire la lettre que Guy Môquet écrivit à ses parents avant d’être exécuté par les nazis. J’avoue être stupéfait de la polémique actuelle. C’est une vieille habitude de la Gauche française de s’approprier l’héroïsme. Souvenez-vous, Lionel Jospin, alors Premier Ministre, avait traité en pleine Assemblée nationale, les représentants de l’opposition, d’anti droit de l’hommiste, d’esclavagistes et d’anti dreyfusards… Pour lui être de Droite interdisait d’être l’héritier de Schoelcher et de Zola. C’est une bien piètre lecture de l’histoire. C’est surtout une incompréhension totale de notre pacte républicain. Comme si la Droite était la propriétaire exclusive du général de Gaulle.
Les héros peuvent avoir été des hommes ou des femmes de Droite ou de Gauche. Mais une fois dans l’histoire ils appartiennent à tous. Ils sont les mémoires de notre communauté de destin. Je ne me vois pas éduquer mon fils sans lui expliquer l’importance de Jaurès ou de Blum dans l’histoire du 20ème siècle. Guy Môquet était communiste. A l’époque, beaucoup de jeunes croyaient en l’utopie communiste. Et alors ! 66 ans plus tard sa mémoire ne devrait appartenir qu’aux apparatchiks de la place du Colonel Fabien ? C’est ridicule ! Quand j’entends Mme Buffet expliquer aujourd’hui que Guy Môquet aurait été un manifestant contre le CPE. C’est choquant. Elle compare ce qui est incomparable. Je n’étais pas pour le CPE, mais comment peut-on comparer la manifestation contre un projet de loi dans une démocratie en 2006 et la lutte contre la barbarie nazie dans une France occupée. Ce n’est pas très glorieux. Sait-elle, Mme Buffet, ce qu’aurait dit et pensé le jeune Môquet, s’il avait survécu, des crimes du stalinisme ou de l’invasion de Budapest en 1956. Moi je ne le sais pas, je ne sais pas faire parler les morts et encore moins les héros. Pour moi l’histoire de Guy Môquet appartient désormais à tous les lycéens qui doivent savoir qu’un jeune de 17 ans a été assassiné parce qu’il avait distribué des tracts contre la barbarie nazie. Voila ce qu’a voulu le Président de la République. Rendre hommage et demander aux enseignants comme aux élèves de mener une réflexion sur le sens du devoir, le dévouement et le don de soi. Il ne s’agit pas d’imposer aux lycéens une vision partisane de l’histoire mais d’ouvrir le débat sur les valeurs essentielles qui fondent notre République. Les proviseurs sont tenus de faire lire la lettre à leurs élèves mais ils sont libres de choisir la forme que prendra cette lecture. Elle pourra se faire dans chaque classe avec un professeur ou devant l’ensemble des élèves de l’établissement. Le ministre de l’Education nationale a également incité tous les lycées à confier la lecture de cette lettre à des personnalités susceptibles de sensibiliser les élèves à cette période de l’histoire : résistants, déportés mais aussi personnalités politiques ou du monde de la culture. Le principe de liberté pédagogique des enseignants sera strictement respecté. Chacun restera donc libre de s’associer ou non à cette commémoration, et de la manière qu’il souhaite. Cependant je ne peux que partager le sentiment d’Henri Guaino, conseiller du Président de la République quand il rappelle que les enseignants ont aussi des devoirs. Le devoir d’expliquer aux plus jeunes les fondements de notre pacte républicain. Je vous laisse découvrir le discours du Premier Ministre à ce sujet.