Mercredi soir, plus de 120 personnes avaient répondu à mon invitation pour assister à la réunion d’information que j’ai organisée, à la bibliothèque polonaise, quai d’Orléans. Jérôme Bouet conseiller auprès du Ministre de la culture, en charge du patrimoine et de l’architecture, a bien voulu nous apporter des informations concrètes sur ce projet de restauration de ce joyau architectural de Paris. Cette rénovation suscite beaucoup de commentaires, des rumeurs souvent infondées et des déclarations, parfois démagogiques, de la majorité municipale. Je n’aime pas lorsque dans le débat public, les sous-entendus prennent le pas sur les arguments. Je peux comprendre l’émoi de certaines associations défenseuses du patrimoine- le projet initial était loin d’être parfait- mais je suis plus dubitatif lorsqu’au conseil d’arrondissement on souhaite remettre en cause une convention franco-qatarie ou lorsqu’on accuse sans preuve en susurrant que « les ordres viennent d’en haut ». Lors de cette réunion - où chacun a pu s’exprimer, y compris des opposants au projet comme les professeurs Cabestan et Million- Jérôme Bouet s’est volontiers prêté au jeu des questions-réponses sans langue de bois et avec beaucoup de professionnalisme.
Après un bref rapide historique, notre intervenant est revenu sur les détails de la procédure administrative. A ce titre, il a insisté sur le fait que les travaux n’avaient pas encore commencé et qu’il s’agissait encore de la phase d’instruction. Et de souligner les compétences et la complémentarité des différents acteurs du projet : l’architecte - maître d’œuvre - en chef des monuments historiques A.C Perrot (auteur de la rénovation du Grand Palais), soutenu par le Comité scientifique composé d’éminents savants, les services du Ministère et la Direction du Patrimoine, et la Commission nationale des monuments historiques.
Estimant les travaux à 30 millions d’euros, Jérôme Bouët a insisté sur l’état de dégradation avancée de l’édifice, dû à un manque d’entretien. L’intérêt de cette rénovation, nous a-t-il confié, c’est de faire de l’Hôtel Lambert « un lieu de vie, et non pas un musée ».
Répondant aux questions de l’assistance, il s’est longuement attardé sur les points de discorde, notamment le parking et le 4e ascenseur. Le parking, initialement prévu sous le jardin, sera désormais sous la cour en respectant les volumes existants sans sortie sur le quai d’Anjou (contrairement au projet initial). Quant à l’ascenseur, (il en existe déjà trois alors que la rumeur parlait de la création de 4 nouveaux) son positionnement et sa structure devraient préserver le plafond de la chambre de Lambert. Dans la même logique, il n’y aura donc pas de salle de bain au-dessus. Globalement, les travaux préserveront « l’état 19e siècle », comme c’est le cas pour la majorité des monuments historiques parisiens.
Enfin, Jérôme Bouët a conclu son intervention en rappelant que le Ministère agissait conformément aux préconisations de la Commission nationale des monuments historiques, avec un souci constant de transparence et de rigueur. La Ministre devant prendre sa décision d’ici la fin du mois d’avril.
J’ajoute que ce type de projet fait travailler 200 à 300 entreprises qui symbolisent le génie et le savoir faire français. Un encadreur établi rue des Blancs-manteaux m’expliquait récemment que ce type de restauration remplissait son carnet de commande pour deux ans et le faisait vivre lui et ses six employés pour toute la durée des travaux.
En conclusion je ferai mienne une déclaration d’un membre du public qui s’est exprimé en disant : « il y a 150 ans un prince étranger a sauvé l’Hôtel Lambert. Il s’agissait du Prince polonais Czartoryski. 150 ans après un autre Prince étranger vient faire de même. La tradition demeure ». Une belle coutume, celle du sens de l’accueil…