Je vous invite à prendre connaissance de l'intervention que j'ai prononcée ce matin au Conseil de Paris concernant le Plan Local d'Habitat.
"Monsieur le Maire,
Chers Collègues,
Le Plan Local d’Habitat qui nous est proposé ce matin par l’exécutif municipal, n’est pas à rejeter en bloc, je pense en particulier à l’accessibilité aux personnes handicapées, à l’idée que 35% des logements sociaux soient des 4 pièces… On est d’ailleurs sur ce point loin du compte.
Cependant, ce PLH n’applique pas le principe de réalité.
Parce qu’il ne prend pas assez en compte le chemin semé d’embûches auquel sont confrontés de très nombreux Parisiens en matière de logement. Cette réalité est la conjugaison de trois phénomènes préoccupants : la pénurie de logements à Paris qui devient anxiogène, la flambée immobilière qui est de plus en plus déraisonnable et le fait que, pour les familles, se loger à Paris devient mission impossible et je pense en particulier aux classes moyennes.
Concernant ces dernières, votre majorité est coupable d’abandon.
Certes, sur le papier les classes moyennes ont droit aux logements sociaux, c’est l’objectif notamment du programme PLS, les logements dits intermédiaires. Ils devraient avoir pour bénéficiaires, les Parisiens qui sont autour du revenu médian. C'est-à-dire selon INSEE à Paris, un couple avec deux enfants ayant un revenu mensuel de 4 600€. Ces parisiens sont des employés, des enseignants en milieu de carrière, des Parisiens qui n’appartiennent ni aux CSP-, ni aux CSP +.
Par votre politique, ils n’ont plus accès à ces logements intermédiaires.
En effet, votre majorité a une vision pour le moins réductrice du respect des plafonds de revenu liés aux critères d’éligibilité aux logements.
Sur tous les programmes, vous agissez ainsi. 80% des logements sont attribués à des personnes en deçà de 40% du plafond.
Pour le programme PLS, le plafond est de 5542€, en moyenne c’est attribué à des ménages ayant 2 217€ de revenu mensuel.
Il y a là, me semble t-il, un dysfonctionnement grave du logement social à Paris.
Dans les faits, Monsieur le Maire, un couple avec deux enfants ayant le revenu moyen à Paris a deux options dans mon arrondissement :
- Soit il quitte l’arrondissement voire la capitale
Et nous arrivons ainsi à un résultat qui me parait contraire à la mixité sociale.
Dans cet esprit je voterai le vœu de mes collègues Laurence Dreyfus et Géraldine Pourault-Gauvin vous demandant Monsieur le Maire de respecter votre engagement formulé en 2008 d’avoir une politique prioritaire pour les classes moyennes en matière de logement, de respecter l’équilibre entre les programmes PLS, PLUS et PLAI et enfin de mettre en œuvre un accompagnement avec les bailleurs sociaux du parcours résidentiel de leurs locataires.
De même, il me semble indispensable, pour assurer plus de transparence, d’établir et de rendre public, un rapport annuel précisant par arrondissement le nombre d’attributions, les caractéristiques des ménages attributaires et celles des logements attribués. Mon groupe vous propose d’adopter un vœu en ce sens.
Monsieur le Maire, nous ne pouvons accepter, qu’un couple d’instituteurs ne puisse pas vivre avec ses deux enfants dans le centre de Paris. Nous ne pouvons admettre qu’un couple dont les deux conjoints travaillent soit défavorisé par rapport à des ménages ne vivant que de l’assistance.
Comme vous, nous sommes profondément attachés au principe d’égalité mais ne le bafouons pas en confondant égalité et égalitarisme.
Monsieur le Maire, lorsque l’on est un couple, ayant 4000€ de revenu mensuel, avec deux enfants, on ne vit pas à Paris comme Crésus.
Il est donc urgent de revoir de fond en comble la politique de logement à Paris. Nous la souhaitons plus éthiquement équitable et socialement plus juste."