Je vous invite à prendre connaissance de mon intervention au conseil régional à l’occasion du débat budgétaire sur l’action sociale et sanitaire.
« Monsieur le Président,
Madame la Vice-Présidente,
Chers collègues,
Une lecture attentive du budget qui nous est présenté en matière sanitaire et sociale montre que votre majorité a un certain talent ! Celui de manier avec virtuosité l’art de la contradiction.
Ce budget est en effet l’expression d’une triple contradiction !
Contradiction tout d’abord avec votre discours général qui a consisté toutes ces dernières années avec manichéisme à déclamer que les gouvernements précédents incarnaient la casse sociale et la casse de l’hôpital. C’était au passage faire peu de cas des deux Milliards € investis pour l’AP-HP par le gouvernement Fillon, c’était se mettre des œillères lorsque sous la direction de Valérie Pécresse ont été crées à Paris trois Instituts Hospitalo-universitaires alliant la recherche fondamentale à l’application clinique, c’était nier l’évidence lorsque le nombre de places d’hébergement d’urgence a cru de 29% entre 2006 et 2011. C’est sur la négation de cette vérité et ce discours malhonnête que vous avez bâti un projet de mandature en matière sanitaire et social.
Si on ne parlait pas de choses graves on pourrait d’ailleurs s’amuser en constatant que dans les faits l’actuel Ministre de la Santé ne remet absolument pas en cause la loi HPST comme vous l’a subtilement fait remarquer le directeur de l’ARS lors de son audition en commission des affaires sociales le 18 octobre dernier.
De même, je ne me permettrai pas de dire que votre budget est celui de la casse sociale. Il est tout simplement un budget de rigueur ce qui venant de vous ne manque pas d’originalité étant donné la tonalité de vos discours sur le sujet.
En effet, la baisse des crédits touche à la fois l’investissement, le fonctionnement, les AP et les CP, ce qui n’était pas le cas les années précédentes. Vous nous proposez donc un budget à la baisse tout en continuant à nous donner des leçons en matière de solidarité.
Contradiction ensuite entre le programme que vous avez présenté aux Franciliens et vos décisions. Monsieur le Président où est votre Milliard pour la santé ?
Pour respecter cette promesse de campagne, il faudrait un budget total en investissement et en fonctionnement (hors formations sanitaires et sociales) de 250 M€ par an. Problème entre 2010 et 2013 256,550 M€ ont été consacrés à la santé.
En 4 ans, Madame la vice-présidente la région a donc dépensé ce qu’elle aurait dû financer en une seule année, si elle avait voulu honorer la promesse du Président Huchon.
Je vous l’ai dit il y a deux ans, je vous l’ai répété l’an dernier, je vous le redis aujourd’hui et, malheureusement, je récidiverai sans aucun doute l’année prochaine. Votre milliard pour la santé sera le Godot de votre mandature. On va l’attendre mais il ne viendra jamais !
Contradiction enfin parce que votre budget voit le nombre des programmes augmenter avec une diminution des crédits alloués.
Lors de l’examen du rapport-cadre santé, nous avions critiqué une liste à la Prévert qui ne trouverait aucun financement, faute d’un budget adéquat. Le BP 2013 nous donne raison !
Le programme « Prévention et éducation à la santé » a été renommé « Accès aux soins des publics spécifiques » et regroupe désormais : « les salles d'injections à moindre risque, les établissements de prise en charge des malades du VIH/sida, les consultations mémoires, le relèvement des montants-plafonds de subventions pour l'acquisition de véhicules aménagés en antennes mobiles, et la poursuite des dispositifs existants ». Or, parallèlement son budget baisse de 25%.
Idem pour le programme « Services d'urgences hospitalières et maisons médicales de garde » renommé « renforcement de l’accès aux soins ». La région entend je cite « poursuivre le nombre d’opérations soutenues », tout en indiquant qu’elle a relevé certains plafonds de subvention et qu’elle s’engage dans la lutte contre la désertification médicale. Tout ça avec un budget identique à celui de 2012.
Même constat pour le programme « Services de périnatalité » remplacé par les « Maisons de naissance ». Pour un budget qui passe de 700 000€ à 600 000€.
Quant à l’extension de la complémentaire santé aux jeunes en insertion, elle n’est pas financée. Le budget est identique à celui de 2012, soit 1 M€. La région explique que ce sera suffisant pour financer l’extension de la complémentaire santé aux jeunes en insertion en invoquant l’exécution 2012.
Certes, en 2012, la région n’a consommé que 800 000€ sur le million prévu. Mais cette logique acte le fait que le nombre d’étudiants n’augmentera pas.
Et cela ne laisse que 200 000€ pour les jeunes en insertion. Si l’on se réfère à l’exécution 2012 pour les étudiants et que l’on applique une règle de trois, cela signifie que seulement 2740 jeunes en insertion pourront bénéficier de la complémentaire.
J’ajoute que la région acte l’échec du Pass contraception. Avec 150 000€ inscrits au budget, par rapport aux 900 000€ de l’année dernière, la région concède donc l'insuccès de ce dispositif qui ne trouve pas son public puisque seulement 3% des lycéennes et lycéens franciliens y ont eu recours.
Pour conclure face à ces multiples contradictions mon groupe sera dans la cohérence en ne votant pas votre budget. »