Pour affronter la concurrence mondiale avec une masse critique suffisante, la plupart des grandes villes européennes (Berlin, Londres ou Rome par exemple) ont regroupé les collectivités locales comprises dans leur aire urbaine pour organiser leur développement et leur aménagement.
En France, depuis les années 1960, les coopérations intercommunales se sont multipliées[1].
· Environ 31400 communes françaises sur 36000 ont constitué des intercommunalités qui regroupent environ 51 millions d’habitants ;
· 14 grandes villes françaises, représentant plus de 6 millions d’habitants, sont organisées en communautés urbaines dotées de compétences obligatoires en matière de développement économique et d’aménagement de l’espace, assorties d’une fiscalité propre.
C’est en Ile de France que l’intercommunalité reste la moins développée (environ 80 établissements de coopération intercommunale pour 12 millions d’habitants), même si de notables progrès ont été enregistrés depuis quelques années.
Quant au cœur de l’agglomération parisienne (Paris + 76 communes limitrophes), depuis la disparition du grand département de la Seine en 1964, il ne dispose d’aucune organisation en mesure de garantir la cohérence des objectifs de son développement et de son aménagement et de conduire des actions et des projets communs.
Depuis une trentaine d’années, Paris, devenue trop petite (105 km²) par rapport à la plupart des métropoles européennes[2], fait face à une concurrence aigüe, des communes périphériques. Elle n’est plus en mesure de conduire seule des politiques ambitieuses en matière de développement économique, de logement, de transports urbains et d’environnement. Il lui faut les inscrire dans un cadre de coopération intercommunale.
- Les syndicats intercommunaux déjà mis en place, notamment en matière de gestion et d’élimination des déchets ou d’épuration des eaux, traitent de questions importantes mais sectorielles.
- Les chartes bilatérales conclues depuis 2002 entre par la Municipalité parisienne avec une dizaine de communes et de départements limitrophes facilitent sans doute le dialogue mais ne permettent de conduire que des projets ponctuels.
- La conférence métropolitaine mise en place récemment à l’initiative de la Municipalité parisienne est conçue comme une simple et vague instance de dialogue (une « scène » selon l’expression de l’adjoint responsable) dépourvue de tout pouvoir de décision et de tout moyen d’action technique et financier.
Aucune de ces structures ne permet de penser et d’organiser globalement le développement et l’aménagement du cœur de l’agglomération parisienne.
Il apparaît, dès lors, indispensable et urgent que la conférence métropolitaine s’organise en structure d’études pour proposer à l’ensemble des communes du cœur d’agglomération une vision globale, prospective et partagée de leur développement et de leur aménagement. Cette vision permettrait d’élaborer ou de réviser les différents Plans Locaux d’Habitat, d’Urbanisme et de Déplacements de façon cohérente et de garantir leur compatibilité avec le Schéma Directeur de la Région Ile de France (SDRIF) en cours de révision. Elle pourrait également servir de cadre de référence à la réalisation des grands projets urbains.
Il ne s’agit pas de déterminer, a priori, un périmètre d’intervention qui serait couvert d’emblée par une structure du type communauté urbaine ou communauté d’agglomération. Il s’agit de construire un projet métropolitain avec des partenaires désireux de travailler ensemble et de transformer leurs relations. Celles-ci ne seraient plus celles, déséquilibrées et parfois conflictuelles, du centre et de sa périphérie mais celles de territoires soucieux de réduire leurs contradictions, de partager une vision commune de leur avenir et de rechercher des modes nouveaux d’action collective, en inventant, au besoin, des formules coopératives autres que celles proposées par la législation existante.
Paris en Ile de France
|
Ile de France |
Agglomération parisienne |
Cœur d’agglomération |
Paris intra muros |
NOMBRE DE COMMUNES |
1 300 |
395 + Paris |
76 + Paris |
1 |
SURFACE |
|
|
|
|
En km² |
12 012 |
2 723 |
469 |
105 |
En % surface de l’IDF |
100% |
23% |
4% |
1% |
POPULATION |
|
|
|
|
1999 |
10 951 136 [3] |
9 643 880 |
5 158 193 |
2 125 851 [4] |
1990 |
10 661 937 |
9 470 287 |
5 161 911 |
2 152 329 |
Evolution 99/90 en nombre |
+ 289 199 |
+ 173 593 |
- 3 718 |
- 26 478 |
Evolution 99/90 en % |
+ 2,7% |
+ 1,8% |
- 0,1% |
- 1,2% |
EMPLOI |
|
|
|
|
1999 |
5 041 995 |
4 655 779 |
3 043 620 |
1 600 815 |
1990 |
5 075 974 |
4 723 525 |
3 244 978 |
1 815 345 |
Evolution 99/90 en nombre |
- 33 979 |
- 67 746 |
- 201 358 |
- 214 530 |
Evolution 99/90 en % |
- 0,7% |
-1,4% |
- 6,2% |
- 11,8% |
DENSITE AU KM ² |
|
|
|
|
Habitants |
912 |
3 542 |
11 007 |
20 164 |
Emplois |
420 |
1 710 |
6 496 |
15 188 |
Habitants + Emplois |
1 331 |
5 252 |
17 503 |
35 352 |
Source : « Paris dans l’agglomération parisienne » (APUR novembre 2004).
Quelques données comparatives avec d’autres métropoles mondiales
|
Paris |
Cœur d’agglo.[5] |
Paris + couronne[6] |
Grand Berlin |
Grand Londres |
Ville de New-York |
Ville de Tokyo |
Superficie en km² |
105 |
469 |
762 |
892 |
1578 |
833 |
621 |
Population (nb. d’habitants) |
2 125 851 en 1999 |
5 158 193 en 1999 |
6 164 238 en 1999 |
3 459 000 en 1997 |
7 074 300 en 1996 |
7 428 000 en 1999 |
8 049 000 en 1999 |
Densité (nb. d’habitants/km²) |
20 164 |
11 007 |
8090 |
3 878 |
4 483 |
8 917 |
12 961 |
Source : « Identité et enjeux du cœur de l’agglomération parisienne » (Mairie de Paris – décembre 2004)
* * *
[1] Syndicats de communes à vocation unique ou multiple, districts urbains, communautés urbaines et, plus récemment, communautés de communes et communautés d’agglomération.
[2] Grand Londres : 1578 km² ; Grand Berlin : 892 km² ; Rome : 1770 km² ; Madrid : 605 km² par exemple.
[3] 11,2 millions selon une estimation plus récente.
[4] En très légère augmentation depuis 1999 : 2 144 700 habitants (+ 19 000 environ).
[5] Paris + 76 communes.
[6] Aire urbaine englobant Paris intra muros, la 1ère couronne et la partie agglomérée de la 2ème couronne et qui est comparable, par sa surface et sa population, aux autres grandes métropoles étrangères.