Encore quelques jours de ce froid sibérien et nous pourrons enfin caresser les formes généreuses des sculptures de Niki de Saint Phalle !
Jacques, mon coiffeur de la rue des Blancs-Manteaux, m'a conté le temps révolu de son enfance des années 1960, quand le canal St-Martin, complètement gelé, accueillait les jeux des écoliers...
La rue Saint-Bon
J'ai souvent l'habitude de dire à mes amis que dans le quartier une rue porte mon nom : je les conduis jusqu'à cette petite rue située entre la rue de Rivoli et la rue de la Verrerie...
Si on y réfléchit bien, la rue Saint-Bon porte un nom bien étrange. En effet, aucune Eglise, catholique ou orthodoxe, n'a jamais reconnu les actes miraculeux d'un quelconque personnage prénommé Bon.
C'est un témoin de l'âpreté des combats qui éclatèrent à Paris les 27, 28 et 29 juillet 1830. Ce boulet de canon, tiré contre la foule par les soldats du roi Charles X, est venu se loger dans une façade de l'hôtel de Sens. Et dire qu'il y a un instant, vous ignoriez jusqu'à son existence ...
C'est discret; trop discret, disent certains. Juste une petite étoile métallique scellée dans le sol, une vingtaine de mètres devant l'entrée de Notre-Dame. Pourtant, en vous penchant, vous découvrez une inscription éloquente: "Point zéro des routes de France"... Eh oui, mine de rien, vous êtes sur le point géodésique de Paris, le "Km 0" des routes nationales françaises, le point à partir duquel les villes mesurent leur distance avec la capitale !
Pourquoi diable le Parvis de Notre-Dame, direz-vous ? Eh bien sachez qu'au Moyen-Âge, temps reculés où Paris mordait à peine sur les berges de la Seine, toutes les grandes voies du royaume aboutissaient là. Ces "routes royales", bien souvent désignées par le nom des provinces auxquelles elles menaient, étaient particulièrement empruntées par l'armée et les messagers du roi.
Dans le sillage de la Révolution, Napoléon réorganisa le réseau routier français. C'est lui qui, par un décret de 1811, désigna les quatorze premières "routes impériales" de France, dont il rebaptisa les tronçons parisiens du nom de ses maréchaux. Modernisées, les voies devaient faciliter les mouvements de l'armée, mais aussi centraliser et unifier le pays. C'est pourquoi il en plaça officiellement l'origine au "point zéro" de Notre-Dame.
Et l'usage perdura. Ni l'urbanisation impétueuse de Paris ni la décentralisation des années 1980 n'en vinrent à bout. Les tracés varièrent, l'origine demeura. De nombreuses "routes nationales", dont la RN7, mythique Route Bleue des vacances des Parisiens, avaient encore en 2006 la petite étoile métallique pour point de départ !
Aujourd'hui, la majeure partie du réseau routier national a été transférée aux départements, tant et si bien qu'aucune RN ne part plus du "point zéro". Mais consolez-vous, la petite rose des vents n'a pas perdu sa signification pour autant. Elle demeure la référence des mesures de distance par rapport à la capitale. C'est ainsi que le 28 septembre dernier, lors de l'inauguration d'une station GPS permanente du réseau TERIA à l'Île Bouchard, des chercheurs ont mesuré en temps réel la distance les séparant de la petite étoile...
