Même si je préfère et de loin que François Bayrou soit « le 3ème homme » de l’élection présidentielle plutôt que Le Pen, j’avoue être perplexe face à l’homme. Je lui reconnais de la ténacité. On ne corrige pas un bégaiement sans volonté et persévérance. Je le crois sincère dans la revendication de ses racines paysannes. Je le pense profondément européen, ce qui à mes yeux est une grande qualité. Cependant, je suis dubitatif quant à l’effet de mode qu’il suscite actuellement. Je le suis d’abord parce le gouvernement d’union nationale qu’il propose me semble irréaliste. Son ambition est louable mais chimérique avec une gauche française, qui malgré les efforts de Mme Royal, continue à être sous l’emprise intellectuelle de l’extrême gauche. Il faut dire à François Bayrou que le PS n’est ni le SPD allemand, ni le parti travailliste de Tony Blair et ni le PSOE de Zapatero. En faisant une telle proposition, il omet que la Gauche française n’est pas idéologiquement soluble dans cette union. Sur ce sujet au mieux il prend ses désirs pour des réalités, au pire il nous raconte des galéjades. Je suis ensuite perplexe sur la colonne vertébrale idéologique du personnage. Il se dit l’héritier d’un courant de pensée lié à la démocratie chrétienne, alors comment peut-il expliquer sa position contre l’hommage national voulu par le Président de la République lors de la mort de Jean-Paul II. A cette occasion, il s’était rangé dans le camp des laïcards les plus rétrogrades. Pour être juste, je pense qu’à l’époque, sa volonté de dénigrer Jacques Chirac l’a emporté sur ses convictions historiques. Mais si tel est le cas, c’est encore moins rassurant. Enfin sceptique je le suis aussi quant à ses capacités à réformer le pays. Son passage à la tête du ministère de l’Education nationale a été de 1993 à 1997 d’un conservatisme rarement égalé rue de Grenelle. C’est pourquoi ses références au gaullisme me paraissent pour le moins inappropriées. Alors si vous êtes tentés par la mode bayrouiste du moment, j’ai envie de vous dire plusieurs choses : 1) ce qui est attrayant en février peut être déplaisant en avril. 2) si vous hésitez entre Le Pen et Bayrou, votez Bayrou. 3) si vous tergiversez entre Royal et Bayrou, votez Bayrou. 4) si vous souhaitez pour la France la synthèse entre le progrès social et l’avancée économique, votez Sarkozy. Parce que la vraie union nationale ne doit pas se faire uniquement sur un casting d’hommes ou de femmes, aussi talentueux et sympathiques soient-ils, comme le revendique François Bayrou mais sur des mesures utiles à la France. A quoi servirait un gouvernement d’union sans programme de rassemblement. François Bayrou inverse les priorités. Nicolas Sarkozy propose de rassembler les Français sur un programme puis de procéder à l’ouverture. Bayrou l’inverse. La différence est de taille.