Je vous invite à lire l'interview que Françoise de Panafieu a accordée au journal "Le Monde" en date du vendredi 6 juin.
Vous lancez aujourd'hui votre campagne municipale pour 2008. Que répondez-vous à certains à l' UMP qui doutent de vos chances de gagner Paris ?
Je rappelle que les parisiens ont placé la droite en tête à la présidentielle et au premier tour des législatives. C'est une base solide qu'il ne faut pas oublier. Le vote des parisiens au deuxième tour des législatives -qui a entraîné la perte de la 8ème circonscription dans le 12e arrondissement - n'a pas été plus mauvais que dans les autres grandes villes françaises. Il a eu des raisons nationales et non locales. Par ailleurs, une élection est une course de fond. Je suis une habituée de ce genre d'exercice. J'étais donnée perdante lors des primaires pour la désignation du candidat de l'UMP à Paris. J'ai gagné. Ma légitimité fait de moi, aujourd'hui, la garante de l'union.
Aurez vous le dernier mot sur le choix des candidats, cette fois ?
En tant que chef de file de la droite à Paris, il m'appartiendra in fine de désigner les têtes de liste avec les élus parisiens. Elles seront connues fin octobre. Croyez-moi, je prendrai toutes mes responsabilités!
Arno Klarsfeld, [battu dans la 8e circonscription] ?
Il m'a fait savoir qu'il ne serait pas candidat à la mairie du 12e.
Quels sont les grands échecs de Bertrand Delanoë?
Je constate qu'il est meilleur communicant que maire. Derrière l'image, il y a la réalité: Paris a un taux de chômage élevé en comparaison des capitales européennes, le taux de pauvreté le plus fort d’Ile-de France juste derrière la Seine-Saint-Denis. M.Delanoë a investi 1,8 milliard d'euros depuis 2001 pour les travaux de voirie et la construction du tramway sans que la pollution baisse plus vite pour autant. Paris est la risée de l'Europe en matière de propreté. L'offre culturelle se limite à des divertissements certes sympathiques mais sans ambition.
La baisse de la circulation sera-t- elle une de vos priorités?
Je veux faire de Paris une vraie éco-capitale. Si nous voulons aller vers moins de pollution, il faut aller vers moins de voitures. Je donnerai la priorité aux transports en commun en sous-sol. La mairie n'a pas mis un centime sur le métro et le RER. Faut-il rappeler l'état des lignes 13 ou 7? Je favoriserai les voitures propres grâce au stationnement gratuit et à la carte grise à un euro. J’étudierai le doublement de l'aide de l'Etat pour l'achat d'un véhicule électrique ou hybride. J'interdirai progressivement l'accès à Paris aux véhicules très polluants. Je donnerai la priorité absolue au projet de rocade Métrophérique en petite couronne. Plus efficace que le tramway parisien pour désengorger le périphérique et faire baisser la pollution.
Arrêterez-vous la construction de places de crèches?
Je veux mettre la famille au coeur de mon projet. Les crèches sont indispensables notamment pour les familles modestes. Je continuerai donc à en construire, mais un berceau municipal coûte cher aux contribuables: 1500 euros par mois. II faut donc permettre aux familles d'avoir un libre choix. Je créerai pour cela un chèque Paris-famille dès le premier enfant quel que soit le mode de garde choisi et le niveau de ressources. Je privilégierai aussi les crèches parentales et d'entreprise.
Comment la droite peut-elle reconquérir l'est parisien?
Socialement, Paris est coupé en deux. La mairie est responsable de cette fracture. Bertrand Delanoë n'a pas répondu aux besoins en matière de logement. Les demandeurs étaient 90 000 en 2001. Ils sont 109 000 aujourd'hui. Je lancerai un programme de 4000 logements neufs par an dont 1000 seront réservés pour le logement étudiant. A l’inverse du Maire sortant, je m'attaquerai réellement à la résorption de l'habitat insalubre. J'initierai un grand plan d'insertion pour les 60 000 rmistes.
Ferez-vous appel aux financements privés?
Nous sommes entrés dans l'ère du "co": colocation, co-voiturage, co-développement... Il faut aussi penser co-financement. Je solliciterai les entreprises notamment pour l’éventuel prolongement du tramway, pour la création d'une force d'intervention rapide pour la propreté, disponible 24heures sur 24, mais aussi pour la construction de crèches. C'est en imaginant des partenariats public-privé qu'il sera possible d'entreprendre sans augmenter les impôts locaux. Je veux aussi que Paris retrouve son dynamisme économique. Je proposerai notamment aux très petites entreprises une aide de la Ville pour la création du deuxième emploi.
Vous voulez créer une police municipale à Paris. Nicolas Sarkozy y est hostile.
Je suis effectivement favorable à une force d'intervention municipale de 3000 agents non armés. Je compte en parler avec Michèle Alliot-Marie, le nouveau ministre de l'intérieur.
Gouvernerez-vous Paris autrement?
Je serai un Maire qui partage le pouvoir. Je veux donner de nouvelles prérogatives aux maires d'arrondissement, en matière de propreté par exemple. Corrélativement à cette décentralisation, je suis prête à proposer l'élection du maire du Paris au suffrage universel direct. Il y a également urgence à créer une communauté urbaine à la taille de l'agglomération qui soit une vraie entité politique avec un vrai statut juridique et de vraies moyens financiers. Comme l'a proposé Nicolas Sarkozy. Les maires de banlieue sont prêts à le faire.
Etes-vous prête aussi à l' "ouverture"?
Aujourd'hui, je lance des propositions que les élus vont devoir enrichir pendant leurs vacances. A la rentrée, j'organiserai un séminaire avec eux. J'irai ensuite débattre avec les habitants dans les 20 arrondissements. Je présenterai mon programme définitif en janvier 2008. Je veux mener une campagne d'idées et d'écoute par delà les partis politiques. Avec le MoDem, nous avons plus de valeurs à partager que de principes qui nous séparent. Si des élus socialistes se retrouvent sur mes idées, je ne vois pas pourquoi je les écarterais. Je suis une femme libre. Tout mon parcours l'a montré. Et j'entends bien faire bouger les lignes.
Propos recueillis par Béatrice Jérôme