Je me souviens j’avais 19 ans. Je voulais organiser une conférence sur le Liban. Je souhaitais qu’il soit notre grand témoin pour cette rencontre de jeunes gaullistes. Je lui ai demandé rendez-vous. Une amie m’accompagnait. Elle avait le même âge. Le même trac sans doute. Nous étions tous les deux terriblement impressionnés. Il nous a accueilli avec simplicité, celle des géants de l’histoire. Il aurait pu nous « garder » 5’. Nous sommes restés plus d’une heure trente. Il nous a écoutés. Il a dit tout de suite oui. Un « oui » franc, un « oui » généreux, un « oui » surtout , je crois, pour le bonheur de transmettre…Puis il a été magistral en nous comptant l’histoire, la géographie et la géopolitique du Moyen-Orient. C’était aussi brillant que sobre. 20 ans après je m’en souviens comme si c’était hier. De ce rendez-vous j’ai savouré chaque seconde, j’ai bu chaque parole. Quelques années après j’ai dévoré ses mémoires « Après tant de batailles ». Un ouvrage digne des plus beaux romans d’aventures. Celles de sa vie, de ses vies : jeune homme refusant l’armistice dès le 17 juin 40, héros de la France Libre à El Alemein comme aux frontières du Rhin, Compagnon de la Libération, Ministre des Armées ne cédant pas aux putschistes d’Alger, Premier Ministre, Académicien… Pierre Messmer vient de livrer sa dernière bataille… La France perd un de ses derniers héros. Ce soir je suis ému par cette disparition…J’ai une pensée sincère pour ce grand homme. Je vous invite à lire le communiqué de François Fillon, qui une fois de plus, a su trouver les mots justes.