Emouvante messe ce matin à Notre-Dame pour célébrer le 63ème anniversaire de la libération de Paris et le 60ème de la disparition tragique du Général Leclerc. Autour de Monseigneur Vingt-Trois, nous étions nombreux : officiels, anciens de la 2ème DB, paroissiens, anonymes… Etre présent à cette célébration a pour moi du sens. Si je considère qu’il y en a assez des références systématiques au gaullisme par les hommes politiques de tous bords, en revanche j’estime qu’il est indispensable d’entretenir la mémoire de la résistance. Bientôt ses héros ne seront plus là. Ils ne pourront plus témoigner. Rien ne serait pire que de les oublier mais rien ne serait plus grave que de ne pas préserver l’héritage qu’ils nous ont légué. Ceux qui comme moi sont des enfants des enfants de la guerre nous avons l’ardente obligation de le pérenniser. Ma génération a un devoir de mémoire. Certes pour saluer ces hommes et femmes de l’ombre mais encore plus pour transmettre à nos enfants ce que je crois être l’essentiel. Cette « conscience » est au cœur de notre pacte républicain. Elle fut aussi bien à Koufra que dans le Vercors qu’à Londres. Elle a réuni la France dans toute sa diversité de Guy Môquet (jeune militant communiste) au Général Leclerc de Hauteclocque (fervent catholique, militaire de carrière). Elle fut aussi bien de Gauche que de Droite. Son socle idéologique se confondait avec les valeurs de la République, son âme était éprise de liberté et son caractère alliait le courage au refus de la fatalité… Hier comme de nos jours, elle symbolise aussi bien la tolérance que le dévouement. C’est à cet esprit que je pensais ce matin. Il a envahi la nef de Notre-Dame (j’avoue que c’est osé d’évoquer un autre esprit en ce lieu, que Paul Claudel me pardonne) lorsque le Père Cordier, ancien de la division Leclerc, s’est exprimé. Ses mots, prononcés d’une voix chevrotante, rappelant la mémoire des chefs de la France Libre, m’ont électrisé. J’avais la chair de poule. L’homélie du Cardinal Archevêque de Paris était conforme à ce que l’on pouvait attendre d’un homme de foi. Il a été remarquable dans sa remise en perspective du sens de la résistance dans le monde d’aujourd’hui. La cérémonie s’est terminée comme elle s’était finie le 26 août 1944, en présence des généraux Leclerc et De Gaulle, par un « Magnificat » … et un autre esprit descendit dans le chœur de la cathédrale !