Moment solennel cet après-midi aux Invalides, les obsèques de Pierre Messmer furent à son image. Sobres. L’église comme la République ont respecté ses dernières volontés. Pas de discours, du recueillement. Après la messe, dans la cour des Invalides, l’hommage de la République se limita à une prise d’armes. Nicolas Sarkozy a eu l’élégance de demander à Jacques Chirac de l’accompagner pour s’incliner une dernière fois devant le cercueil recouvert du drapeau tricolore. Après la Marseillaise, c’est au rythme de la sonnerie au mort que le cercueil, porté par des légionnaires, quitta la cour d’honneur, derrière, seul, suivait le Président de la République. Au risque de me tromper, je crois qu’un sentiment diffus était partagé. Celui d’assister à la dernière grande réunion de la famille gaulliste. Voir le dernier carré des compagnons de la libération était émouvant. Je sentais dans le regard du plus illustre au plus anonyme qu’avec le départ de Pierre Messmer, c’était la fin d’une épopée, celle des héros de la Résistance. C’était sans doute la dernière fois… Il n’y a aucune nostalgie dans mon esprit. Il y a simplement le souhait de ne pas oublier. L’Histoire passe. L’esprit reste.