Je vous invite à prendre connaissance de l'intervention que j'ai prononcée ce matin concernant le Plan Départemental d'Insertion:
"Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Parler d’insertion ne peut être l’objet de polémique tant il s’agit d’évoquer ceux qui souffrent, ceux qui ont été les plus frappés par l’injustice sociale, ceux dont le parcours est émaillé d'accidents de la vie...
Cette approche ne peut être d'ailleurs que renforcée dans le contexte économique et social actuel tant la crise mondiale fragilise encore davantage les plus démunis.
Il serait donc inconvenant de dire que votre Plan Départemental d'Insertion ne répond pas en partie à la situation difficile à laquelle nous sommes collectivement confrontés.
En effet, certaines de vos décisions me paraissent aller dans le bon sens, à commencer par la progression du budget alloué au PDI.
L'allocation logement complémentaire au RSA, le protocole sur l'accueil des jeunes enfants, le développement du micro-crédit, le partenariat avec Emmaus défi et l'extension du Plan Local d'Insertion pour l'Emploi dans le 20ème arrondissement sont également des mesures que nous approuvons.
De même, la suppression du plafond mensuel, pour simplifier et rendre plus pragmatique, l'accès aux aides d'urgence versées par les Centres d'Action Sociale, est une bonne décision. On peut simplement regretter que vous ayez associé cette mesure, lors du dernier conseil d'administration du CASVP, à la suppression du pouvoir des administrateurs bénévoles dans la prise de décision relative au versement de ces aides d'urgence. Ces administrateurs bénévoles sont des acteurs sociaux indispensables à la bonne marche de l'aide sociale dans notre ville. Par leur présence dans les commissions permanentes des CAS d'arrondissement, ils permettaient d'humaniser et d'harmoniser l'aide sociale, votre décision contribuera à la fonctionnariser tout en visiblement la verrouillant.
Monsieur le Maire,
J'ai dû relire à deux fois votre Plan Départemental D'Insertion.
Rassurez vous, il ne s'agissait pas d'un problème de compréhension de votre texte mais d'une incompréhension quant aux choix de vos priorités en matière d'insertion. La deuxième lecture, encore plus attentive, m'a malheureusement conforté dans cette incompréhension.
Oui, j'avoue, Monsieur Le Maire, qu'il est incompréhensible qu'un tiers des allocataires du RSA ne soient pas considérés par votre majorité comme un public prioritaire.
Oui, il est incroyable que les plus 50 ans soient les grands oubliés de ce PDI. Nul part dans votre projet de délibération, il n'en est fait mention, nul part votre majorité n’exprime sa solidarité vis à vis des seniors. Nul part, il n’est mentionné que c'est un public qui dans le domaine de l'insertion doit faire l'objet d'attentions particulières et de mesures spécifiques.
Vous ne pouvez pourtant pas ignorer que c'est un public particulièrement désorienté, profondément inquiet, et souvent meurtri face à la perte d'emploi et aux risques du dévissement social.
Vous avez décidé de ne pas en faire un public prioritaire. Si c'est un oubli, il est encore temps de le réparer. Si c'est une volonté politique, c'est une erreur sociale. Et c'est une faute morale.
Vous ne pouvez être sans savoir que lorsque l'exclusion se produit à plus de 50 ans les conséquences psychologiques, humaines et sociales sont souvent dramatiques pour les intéressés.
Par ailleurs vous n'êtes pas non plus sans savoir que pour les plus de 50 ans la dégradation de leur situation sociale conduit souvent à une dégradation de leur état de santé.
Face à la perte d'emploi, face à la menace de l'exclusion, les plus de 50 ans se posent de nombreuses questions. Des questions qui torturent. Des questions qui doivent, au-delà de nous émouvoir, nous faire réagir pour mieux agir.
Aucun d'entre nous, ne peut être insensible à ces questions que se posent souvent en boucle et au quotidien de nombreux parisiens âgés entre 50 ans et 65 ans.
Suis-je encore utile? Puis-je encore être employable? Suis-je foutu? Vais-je finir ma vie active sans rien faire? Pourrais-je avoir une retraite digne?
Voilà la liste non exhaustive des angoisses permanentes des plus de 50 ans à la recherche d’un emploi.
Ces interrogations, la collectivité se doit d’y répondre avec gravité. Je ne peux croire que votre majorité les ait effacées d'un trait de plume administrative.
Surtout que vous n'êtes pas sans ignorer que le taux d’emploi des seniors à Paris n'est que de 55%.
L'orientation de votre PDI en est donc plus qu’incompréhensible.
D'autant plus inconcevable que dans beaucoup de départements de Gauche comme de Droite l'aide aux seniors en difficultés est au coeur des priorités en matière de politique d'insertion et d'aide au retour à l'emploi.
Vous devriez vous inspirer de ces départements. Je pense, par exemple, à
Vous devriez enfin vous inspirer de l’action du gouvernement de François Fillon, dont je rappelle qu'il a mis en place le RSA , mesure attendue depuis plus de 20 ans par tous les professionnels du secteur social et de la solidarité. Mesure rêvée par
Ce dispositif du RSA est renforcé par l'entrée en vigueur depuis le 1er janvier du Contrat Unique d'Insertion, dispositif plus souple et plus efficace que les précédents. Et surtout vous devriez prendre en compte le fait que le gouvernement mène une politique volontariste incitant les entreprises de plus de 50 personnes à garder et à recruter des salariés âgés. Celles qui ne voudront pas s'associer à cette nécessaire solidarité nationale seront pénalisées. Déjà 10 000 entreprises ont signé des accords, plus de 80 branches professionnelles ont fait de même. Soit plus de 11 millions de salariés dont la protection sera renforcée.
Fort de ce constat, de cette volonté gouvernementale et de cette mobilisation de tous les acteurs, il n'est pas admissible que Paris soit à la traîne. Notre rôle c'est d'accompagner les plus de 50 ans victimes de la crise et frappés par l'injustice sociale. Le PDI qui nous est présenté ce matin ne prend pas en compte cette impérieuse nécessité. C'est regrettable. C'est préoccupant pour des milliers de Parisiens. C'est socialement injuste.
Mes chers collègues, notre société, à juste titre, considère normal voire insdipensable d'aider les plus jeunes à sortir de l'exclusion. Elle se grandirait à ne pas oublier les seniors pour lesquels, surtout dans des zones urbaines, le regard déshumanisé de certains voire parfois le mépris ou pire l'oubli de toute considération élémentaire mènent beaucoup d'entre eux à la désespérance. "