Je vous invite à prendre connaissance de l’intervention que j’ai prononcée ce matin au Conseil de Paris sur l’AP-HP et l’Hôtel- Dieu.
« Monsieur le Maire, Chers collègues,
Débattre sur l’avenir de l’AP-HP ne devrait pas se confondre avec de l’activisme militant.
En effet, traiter de l’organisation à la fois humaine et technique du plus grand CHU d’Europe ne devrait pas nous faire oublier que nous parlons ici de la vie et de la mort. Qu’au-delà de nos différences d’approche, nous évoquons ce matin ceux et celles qui accompagnent le premier cri d’un nourrisson comme le dernier soupir d’un vieillard.
C’est conscient de cette réalité profondément humaine qu’avec Bernard Debré, Joëlle de Soultrait, j’ai participé au groupe de travail que vous avez, Monsieur le Maire, mis en place pour mieux comprendre les enjeux de l’AP-HP.
Je tiens d’ailleurs à saluer le travail de Jean-Marie Le Guen qui dans l’organisation et la tenue de nos réunions a su allier respect de chacun et volonté d’approfondir les différents sujets liés à la restructuration de l’AP- HP.
De ces différentes auditions, il m’est apparu pourtant qu’un consensus était possible : d’abord, entre les différents acteurs que nous avons auditionnés mais, ensuite, aussi sur les bancs de notre assemblée.
Ce consensus pouvant s’articuler autour de trois axes :
- Premièrement : la restructuration de l’AP-HP est une nécessité. Personne ne la remet fondamentalement en cause. Il peut y avoir des débats sur telle ou telle adaptation mais il existe une adhésion massive à ses objectifs prioritaires comme une meilleure prise en charge du patient, l’adaptation des sites aux progrès médicaux et la volonté de faire gagner la recherche française dont l’AP-HP est l’un des principaux fleurons.
- Deuxièmement : les suppressions de poste au sein de l’AP-HP ne peuvent en aucune manière concerner du personnel soignant. On peut imaginer qu’après une réorganisation efficace des doublons puissent être évités sur des fonctions supports notamment grâce à la mutualisation des moyens mais on ne peut envisager de mettre encore plus sous tension les personnels soignants.
- Troisièmement : nous devons garantir à l’AP-HP une capacité d’investissement. Cette dernière ne pourra être renforcée que par une diminution de la dette de l’institution.
Monsieur le Maire, à la lecture de votre communication, je ne retrouve ni l’esprit qui a régné au sein de notre groupe de travail, ni la volonté d’aboutir à un consensus pourtant très accessible.
Vous avez décidé d’être dans une posture militante.
Vous avez inscrit votre démarche dans une logique de restructuration honteuse. Au fond, vous êtes bien conscient que la restructuration de l’AP-HP est indispensable mais vous ne voulez ni le dire ni l’assumer par crainte de soutenir une action de l’Etat et peut être de vous faire sermonner au passage par la dame des 35h.
35h dont l’application entraîna une véritable désorganisation de l’hôpital public.
Pour notre part, nous voulons être les défenseurs d’une restructuration positive de l’AP-HP.
Positive parce qu’elle améliorera la qualité et la sécurité des soins.
Positive parce qu’elle assurera la proximité et l’excellence médicale.
Monsieur le Maire, soutenir ce projet de restructuration ne consiste pas en soi à soutenir le gouvernement, l’appuyer c’est avant tout apporter son soutien à un projet scientifique et médical établi par les professionnels de santé eux-mêmes au sein de l’AP-HP.
En agissant ainsi, ce matin vous vous désolidarisez sans doute du gouvernement, ce qui est votre affaire, mais surtout de la communauté médicale de l’AP-HP ce qui est l’affaire de tous les Parisiens.
Me refusant à une lecture manichéenne de votre communication, je note cependant qu’en faisant un effort vous pourriez créer les conditions d’un consensus sur nos bancs qui ne pourrait que renforcer l’AP-HP.
Lorsque vous vous dites pour « l’unicité » de l’AP-HP, nous le sommes également. De même quand vous indiquez que « la modernisation est nécessaire » et que « le statut quo n’est pas envisageable » nous ne pouvons que nous rejoindre.
Monsieur le Maire, l’AP-HP mérite mieux qu’une approche partisane et démagogique.
Cette démagogie je la rencontre notamment dans le 4ème arrondissement concernant l’Hôtel-Dieu.
Si au début des années 2000, la question de fermer l’Hôtel Dieu s’est vraiment posée, grâce à une mobilisation de tous, les partisans de la fermeture ont du renoncé à leur projet. Par honnêteté, je tiens à rappeler que la Maire du 4ème arrondissement avait alors joué un rôle pour fédérer les énergies.
Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif sur le feuilleton désormais entretenu par elle et votre majorité depuis le début de l’année, quant au devenir de l’Hôtel-Dieu. Certes des déclarations maladroites en début d’année du Directeur de l’AP-HP ont pu susciter des interrogations légitimes. Etait-il utile de vouloir les transformer en craintes pour la population voire en mensonges politiques?
Face à cette « agitation », j’ai pour ma part consulté le directeur de cabinet de la ministre de la santé et le directeur de l’AP-HP. Les réponses qu’ils m’ont apportées m’apparaissent satisfaisantes. D’autant plus qu’elles m’ont été confirmées par les chefs de service de l’Hôtel-Dieu que nous avons auditionnés dans le cadre de notre groupe de travail.
Ainsi l’Hôtel-Dieu gardera sa dimension de proximité avec le maintien et le renforcement du service des urgences. Il développera également la chirurgie ambulatoire que l’on pourrait qualifier de chirurgie d’avenir. Enfin, cet établissement sera le centre névralgique d’un institut de santé publique ayant pour mission d’élaborer de nouveaux protocoles de santé interventionnelle, d’éducation thérapeutique, de prévention, de diagnostic et de dépistage.
Dire que l’Hôtel-dieu est sauvé, serait donc bien réducteur, il faut désormais s’inscrire dans une logique beaucoup plus ambitieuse : celle d’affirmer que l’Hôtel Dieu et l’AP-HP ont un avenir. Je vous remercie. »