Je vous invite à prendre connaissance de l'intervention que j'ai prononcée hier au Conseil régional à l'occasion du débat sur le budget social. Je vous joins également le communiqué du groupe Majorité Présidentielle sur le budget de notre région.
"Monsieur le Président, Chers collègues,
Débattre du budget de l’action sociale, de la santé et du handicap est un sujet grave. Il mérite, à mes yeux, de la retenue parce qu’au delà des chiffres, nous évoquons le soutien qu’apporte notre région aux plus faibles, aux accidentés de la vie, aux malades et aux personnes confrontées à l’injustice du handicap.
L’action publique dans ce domaine mérite que l’on dépasse les clivages et que l’on s’intéresse exclusivement aux résultats de ces politiques dans un souci de respect, d’égalité républicaine et de justice sociale.
C’est pourquoi je suis toujours surpris du ton utilisé, de la rhétorique employée et de la sémantique choisie par une partie de votre majorité pour aborder les questions sociales.
La solidarité n’est ni de gauche, ni de droite, elle est efficace ou ne l’est pas. Le manichéisme partisan n’y a pas sa place.
Il n’y a d’autant pas sa place, Monsieur le Président, qu’à la lecture de votre budget social, l’exécutif devrait emprunter le chemin de la modestie.
Et éviter de donner des leçons sur un sujet, sur lequel je sais bien que la gauche française, a pour tradition de se considérer comme le dépositaire de la morale.
Après étude de votre budget, cette posture se heurte au principe de réalité.
En effet, rarement un budget fut en totale contradiction avec des engagements électoraux aussi récents qu’ambitieux.
Vous aviez promis 1 Md € pour la santé sur la durée de la mandature. Le budget total en investissement et en fonctionnement, hors formations sanitaires et sociales qui relèvent de la formation professionnelle, ne s’élève en 2011 qu’à 76,5 M€ en Crédit de paiement, loin derrière les 250 M€ annuels nécessaires pour tenir vos engagements.
Que dire également de ce budget, sinon qu’il est à l’image de la gestion régionale, c’est-à-dire une baisse des investissements (-6% des crédits de paiement) et une hausse du fonctionnement (+14% des crédits de paiement).
On peut, en outre, s’interroger sur la multitude d’amendements déposés par les groupes socialistes et verts. Le premier estime ainsi qu’il faut rajouter en investissement +1,8 M€ en AP et en CP ; quant au second, il souhaite augmenter ce budget de 2,3 M € en AP et en CP. Ces deux groupes sont sans doute plus dépensiers que l’exécutif, ce qui n’est pas raisonnable, mais plus soucieux de tenir vos engagements pris auprès des franciliens en mars dernier, ce qui est respectable.
Cependant, Monsieur le Président, votre budget ne peut être rejeté en totalité. Certaines décisions vont dans le bon sens. Je pense en particulier à la revalorisation des bourses sanitaires et sociales à hauteur des bourses de l’enseignement supérieur et de la recherche, comme nous l’avions maintes fois demandé dans cet hémicycle. D’ailleurs c’est une bonne surprise puisque vous aviez rejeté notre vœu sur le sujet lors de la séance plénière du 1er octobre dernier.
Si nous avons été entendu sur ce sujet, nous ne pouvons que regretter la politique de fermeture de la majorité sur l’ensemble de nos amendements notamment le 109 concernant les crédits alloués en faveur de l’hébergement d’accueil pour les femmes en difficulté.
Lors des élections de mars dernier, vous aviez mis en avant votre volonté de mettre en place un bouclier social pour tous les franciliens. A voir votre budget social, votre bouclier à la taille du pavois d’un chevalier playmobil. Les plus faibles n’en seront pas ainsi plus protégés ; pire certains auront la désillusion d’avoir cru en vos promesses."
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