Je vous invite à prendre connaissance du texte de l’intervention que j’ai prononcée ce matin au conseil de Paris concernant le Plan Stratégique Régional de Santé.
« Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Attachée à faire vivre la démocratie sanitaire en région, la loi HPST a prévu que le Plan Stratégique Régional de Santé soit soumis pour avis aux partenaires locaux de l’ARS.
C’est donc dans ce cadre que notre assemblée doit se prononcer sur ce plan qui a pour objectif de définir les grands principes et orientations de la politique de santé à mener pour les 5 années à venir en Ile-de-France.
Ce Plan constitue une première étape dans le processus plus global entamé par l’ARS pour élaborer le Projet Régional de Santé, qui sera arrêté d’ici fin 2012. Ce plan est sans doute encore perfectible mais il a l’avantage de poser un diagnostic.
Constat d’ailleurs que vous ne rejetez pas puisque, dans l’exposé des motifs de votre délibération, vous indiquez que « ce plan se fonde sur une analyse pertinente des défis sanitaires majeurs que nous aurons à relever ».
Pour notre département, si les indicateurs de santé et d’offre de soins sont globalement bons, Paris est marqué par d’importantes disparités, notamment en termes d’accès à des soins de qualité et de proximité.
Ce bilan, nous l’avions d’ailleurs en partie dressé au sein du groupe de travail mis en place par Jean-Marie Le Guen sur l’accès au soin et la démographie médicale. C’est pourquoi j’avoue mon incompréhension de ne pas voir à l’ordre du jour du Conseil de Paris un débat sur les conclusions de ce groupe de travail et sur les mesures à prendre. En conséquence, mon groupe s’associera au vœu déposé par Catherine Bruno vous demandant que la constitution formelle d’un groupe de travail pluraliste donne obligatoirement lieu à une inscription dudit sujet à l’ordre du jour de notre conseil.
Tous les diagnostics de ce plan, Monsieur le Maire, ont été partagés et validés par la conférence de territoire du 75, instance de démocratie sanitaire, dont des acteurs de la santé et usagers de notre département sont membres.
Fort de ces différents constats, l’ARS nous propose d’atteindre ensemble 3 objectifs stratégiques.
Premièrement, assurer à chaque francilien un parcours de santé lisible, accessible et sécurisé.
Deuxièmement, garantir la qualité et l’efficience du système de santé dans la région.
Et troisièmement, conduire la politique de santé avec tous les acteurs au plus près des territoires.
En donnant un avis défavorable à ce Plan, vous indiqueriez donc que ces objectifs ne sont pas les vôtres. Je ne peux le croire.
Je pense, en revanche, que votre avis pour négatif qu’il soit est avant tout une posture politique. Nous ne pouvons que le regretter.
Certes votre délibération ne peut être comparée à l’avis aussi idéologique que démagogique de la région Ile de France. Mais votre avis n’en demeure pas moins aussi conservateur que manichéen.
De surcroît, votre argumentation pour justifier votre position tourne principalement autour de la défense d’un système de santé qui ne correspond pas toujours à la réalité médicale d’aujourd’hui.
Vous argumentez notamment en signalant la suppression de lits. Mais Monsieur le Maire, la médecine d’aujourd’hui, en particulier avec l’essor de la médecine ambulatoire, ne peut se juger uniquement au nombre de lits supprimés. C’est une vision pour le moins passéiste de ce que doit être un service public de santé digne du 21ème siècle. Aujourd’hui, ce service doit être critiqué en fonction de la prise en compte du progrès scientifique, de la rapidité à intégrer en son sein des techniques nouvelles, de sa gestion sans doute non comptable mais responsable, du respect des besoins des patients et de sa capacité à investir.
L’investissement, justement parlons-en. Vous en faites le cœur de votre argumentation pour ne pas approuver ce Plan parce que selon vous l’ARS et, à travers elle, l’Etat n’investirait pas assez pour la santé des Parisiens. Dois-je vous rappeler les 2 milliards d’euros pour le plan stratégique de l’AP-HP. Dois-je vous remémorer les 165 millions d’euros pour la création de Trois Instituts Hospitalo-Universitaires à Paris. Et dois-je surtout et enfin vous rappeler que votre majorité sur le sujet souffre d’une véritable schizophrénie. D’un côté, vous ne cessez de dire qu’il n’y pas assez de moyens pour l’hôpital et de l’autre dès que vous le pouvez vous allez à l’encontre de sa capacité d’investissement en lui supprimant des moyens. En effet, par des modifications successives du PLU, vous sabordez le patrimoine foncier de l’APHP. Au total, par vos décisions successives, vous risquez de faire perdre 150 millions d’euros à l’hôpital public.
Votre avis constitue une occasion manquée par votre majorité de partager le diagnostic unaniment reconnu de l’ARS, y compris par vous, ce qui démontre tout l’ambigüité de votre démarche.
Pour notre part, nous allons donner à un avis négatif à votre délibération afin de rendre un avis positif à ce Plan stratégique.
Plan que mon groupe soutient avec conviction et détermination. »