Je vous invite à prendre connaissance de l’intervention que j’ai prononcée aujourd’hui au Conseil de Paris en tant que rapporteur de la Mission d’Information et d’Evaluation (M.I.E) sur les personnes âgées en perte d’autonomie à Paris.
« Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Par lettre en date du 3 Mars dernier, le Président Caffet s’adressait à vous, Monsieur le Maire pour vous demander la mise en place d’une Mission d’information et d’Evaluation relative à la situation des personnes âgées à Paris. Dans ce courrier, il indiquait qu’ « il s’agira pour nous d’évaluer des dispositif actuels de prise en charge de la perte d’autonomie liée à l’âge, de définir les priorités d’action de notre collectivité dans un proche avenir et d’identifier les opportunités économiques et sociales de la question ».
Au bout de 5 mois de travaux, de 34 auditions, je crois que notre mission a permis de répondre aux objectifs fixés.
En effet, nous avons pu établir une véritable cartographie concernant la condition de vie des personnes âgées à Paris. Nous avons pu aussi évaluer les dispositifs existants. Nous avons pu enfin ouvrir des pistes et faire de nombreuses propositions.
Le résultat de ce travail est dû, sans nul doute, au climat qui a régné entre nous. Je tiens d’ailleurs à saluer l’esprit d’ouverture, le sens de la synthèse et l’élégance dont a fait preuve Jean-Pierre Caffet tout au long de cette mission. Les élus de l’opposition, membres de cette mission, ont été animés de cette même volonté, à commencer par ma collègue Catherine Bruno du groupe Nouveau centre. Joëlle Chérioux de Soultrait, Claude Annick Tissot, Laurence Dreyffus et Céline Boulay-Espéronnier ont également apporté leur contribution non dans un esprit partisan mais avec l’ambition de nourrir notre réflexion collective.
Certes, votre majorité, a eu parfois l’envie de céder à une double tentation. Certains paragraphes de ce rapport illustrent ces dérives dont on aurait pu se passer.
La tentation première fut de vouloir interpeller l’état ce qui peut vous faire plaisir, mais qui n’est pas à mon avis conforme à l’esprit de notre mission. Monsieur le Maire, comme je l’ai indiqué lors d’une de nos réunions, le rôle d’une mission municipale c’est avant tout d’interpeller la municipalité pour essayer d’améliorer les choses sur le plan municipal.
La second mauvais penchant, j’allais dire une fois de plus, fut pour votre majorité de céder aux sirènes de l’autosatisfaction voire de l’autocongratulation.
Oubliant que Paris a toujours été pionnière en matière de politique pour les personnes âgées.
En vérité, dire que rien n’a été fait à Paris ces dernières années en faveur des personnes âgées serait bêtise ; dire qu’à l’avenir, on ne pourrait pas faire mieux et davantage le serait tout autant.
Les conclusions de notre mission nous invitent à ouvrir au plus vite cinq grands chantiers pour améliorer la condition des personnes âgées à Paris.
Le premier chantier concerne celui de la gouvernance. Notre département se doit d’être moteur pour exiger une clarification des rôles notamment avec la région mais aussi pour trouver de nouvelles synergies, en concertation avec l’ARS, avec la CNAV.
La deuxième obligation sera de mieux se coordonner au niveau du terrain. Le rôle des PPE doit être accru. Ces structures doivent tendre à devenir l’interlocuteur privilégié pour les familles. Les Mairies d’arrondissement devront à l’avenir en être des relais efficaces. La communication autour de ces CLIC devra être en conséquence considérablement améliorée.
Notre troisième devoir concerne les classes moyennes. Même si sous notre impulsion quelques mesures ont été avancées au-cours de cette mission. Beaucoup reste à faire en particulier pour l’accès au logement de ces classes moyennes au moment où elles revendiquent leur droit à la retraite.
De même, un quatrième chantier pour structurer le soutien aux « aidants » devra être ouvert. Le projet d’établir une charte municipale des aidants, à la demande des élus UMP, ne peut que constituer qu’un premier pas en leur direction.
Quant au cinquième chantier, il concerne les structures d’accueil. Soyons honnêtes, Paris ne pourra combler son retard. Par honnêteté justement, j’admets que des progrès ont été faits sous votre mandature mais avec un taux d’équipement de 40‰ l’offre d’hébergement en EHPAD demeure faible. Conscient des problèmes de foncier de notre ville, notre mission recommande de mettre en place un groupe de travail dans le cadre de Paris Métropole. Il sera chargé de réfléchir à un plan de programmation pluriannuel d’EHPAD. En parallèle, nous recommandons de développer les Centre d’Accueil Jour. Ces CAJ, au passage nous pourrions en changer le nom pour éviter un tel acronyme, sont une réussite tant par le travail des personnels pour retarder l’entrée dans un Alzheimer lourd, tant ils renforcent le lien social pour les personnes âgées concernées et tant ils permettent aux aidants de souffler. C’est dans ce même esprit que nous encourageons vivement la création de Petites Unités de Vie.
Partageant les grands axes de ce rapport, les élus UMP, membres de la mission, l’ont adopté.
D’abord parce que comme l’a rappelé François Fillon, au sujet de la dépendance, « c’est une question dont l’ampleur transcende les étiquettes partisanes et les échéances électorales immédiates ».
Ensuite parce que 80% de nos recommandations ont été adoptées même si certaines d’entre elles ont été édulcorées.
Monsieur le Maire,
Avec les conclusions de cette mission, vous avez de la matière pour améliorer le service public des parisiens âgés notamment dans le cadre de la préparation du prochain schéma gérontologique.
Pour nous, voter ce rapport c’est faire preuve aujourd’hui d’honnêteté intellectuelle pour demain mieux faire preuve d’exigence politique. »