Je vous invite à prendre connaissance du texte de mon intervention au Conseil de Paris à l’occasion du débat budgétaire.
« Monsieur le Maire,
Chers Collègues,
Lors de votre intervention du 19 décembre 2011 pour la présentation du budget primitif 2012 vous déclariez Monsieur le Maire : « dans un an Paris, aura changé ».
Je laisse chacun juge de cette prophétie. J’ai cependant le sentiment qu’elle illustre parfaitement le vieil adage populaire consistant à dire que nul n’est prophète en son pays !
En effet vous aurez les plus grandes difficultés à faire croire aux Parisiens que depuis un an Paris a changé.
Faut-il vous rappeler que la circulation demeure « épouvantable » pour reprendre l’expression du député socialiste Cambadélis, la pollution augmente, la propreté des rues laisse toujours autant à désirer, les classes moyennes continuent à avoir les pires difficultés pour se loger et qu’inlassablement deux enfants sur trois ne trouvent pas de place en garde collective ?
Malgré vos prédictions Monsieur le Maire le quotidien des Parisiens n’a pas changé voire il a empiré. Le changement n’est pas pour les Parisiens mais il est dans votre discours. Et cette évolution est de taille.
Cette mutation nous en avions déjà eu les prémices dans votre intervention relative aux orientations budgétaires du 19 octobre 2012. Elle est confirmée ce matin.
En effet à lire votre communication et à vous entendre la dette de l’Etat a disparu. Voilà votre vrai changement !
Cela doit vous faire un choc puisque durant dix ans ce fut le principal refrain de chacune de vos présentations budgétaires.
Cela doit également vous contrarier puisque cet argument vous servait d’alibi pour masquer une gestion pour le moins préoccupante avec une augmentation de la dette malgré un matraquage fiscal et une explosion des droits de mutations dont la Ville fut grâce à l’Etat l’heureuse bénéficiaire.
Cette disparition par un trait de plume magique de l’adjoint aux Finances ne révèle-t-elle pas tout simplement que de dette de l’Etat il n’y en eut point durant la dernière décennie. Et qu’au final votre discours n’était qu’une argutie politicienne.
Ne déclariez-vous pas en décembre 2008 à l’occasion d’un débat budgétaire que « si l’Etat me donnait tout ce qu’il me doit […] je n’aurais pas besoin d’augmenter les impôts ».
L’Etat a pourtant beaucoup donné à la Ville. Le concours de l’Etat n’a-t-il pas augmenté entre 2001 et 2010 de 2 3% alors que dans la même période l’inflation n’a cru que de 16% ? Et cela ne vous a pas empêché d’augmenter les impôts.
Ces dix dernières années les Parisiens ont bénéficié largement du concours et des dotations de l’Etat notamment les mesures prises pour favoriser l’investissement.
A cet égard Monsieur le Maire la prétendue dette de l’Etat se solde dans le budget 2012 par un gain des dotations de 8 millions d’euros soit au total 1330 millions d’euros. Fort de ce constat quelle ne fut pas ma surprise de constater une baisse sensible de 43 millions d’euros des dotations de l’Etat pour ce budget primitif de 2013. Y aurait-il Monsieur le Maire un début du désengagement de l’Etat avec le gouvernement Ayrault ?
Monsieur le Maire la relation de la Ville avec l’Etat doit être aussi claire que transparente. Elle doit être fondée sur la vérité. Elle doit être un partenariat de confiance et d’exigence.
Pour y parvenir je vous propose de prendre une initiative.
Elle consisterait en mai prochain, lors de la séance consacrée aux comptes administratifs 2012, à présenter une communication sur l’ensemble des dotations de l’état entre 2001 et 2012 dans tous les domaines qu’ils soient sociaux, éducatifs, financiers, culturels et sanitaires.
Je vous invite à réaliser ce document pour deux raisons. La première pour permettre à chacun d’avoir un bilan sur le sujet. La seconde c’est que nous aurons ainsi un outil de comparaison avec ce que nous prépare l’actuel gouvernement.
Cette relation entre la Ville et l’Etat ne peut être basée sur un pacte d’illusionnistes ou par un tour de passe-passe. Votre adjoint aux Finances ne peut être un Garcimore budgétaire.
Tel le magicien qui faisait disparaître les lapins de son chapeau, il ne peut faire disparaître la dette ou plutôt la non dette de l’état en fonction des circonstances politiques.
Il en va d’une certaine honnêteté aussi intellectuelle que comptable.
Il en va Monsieur le Maire de la vérité que vous devez à notre Assemblée et à travers elle aux Parisiens.
Je vous remercie. »