Ne sachant pas quoi inventer afin de retrouver l’euphorie des sondages de début mars, M. Bayrou vient de nous en sortir une bien bonne : il faut supprimer l’ENA. Sous l’angle les énarques sont responsables de la crise politique, sociale et morale que traverse notre pays. Bigre en voilà une analyse originale et courageuse ! M.Bayrou rejoint là, messieurs Le Pen et Fabuis. Le premier bien connu pour ses solutions simplistes et extrémistes. Quant au second après avoir était le chantre de l’ultra libéralisme de gauche, il a prouvé récemment que l’on pouvait dire exactement le contraire de ce que l’on avait fait au pouvoir. Quand Fabuis a dit non à l’Europe, François Mitterrand a du se retourner dans sa tombe. Voilà où en est M.Bayrou, désormais il emprunte le chemin du poujadisme et de la démagogie. Comment peut-on être candidat à la Présidence de République est dire que le pays n’a plus besoin de former ses haut-fonctionnaires ? Un pays a besoin d’une élite administrative. M Bayrou se trompe. Si la France est en crise, ce n’est pas de la faute de ses fonctionnaires, c’est de la responsabilité des politiques qui n’ont pas su s’imposer ou pire ont démissionné. Si dans certains ministères, les fonctionnaires ont pris le pouvoir, c’est parce que les Ministres leur ont abandonné. A l’image de M. Bayrou lorsqu’il était ministre de l’Education de 93 à 97. Ce n’est pas en donnant en pâture l’élite républicaine que l’on résoudra les problèmes de la société française. Je serais d’ailleurs curieux de savoir ce qu’en pensent les haut-fonctionnaires de Gauche qui ont rejoint dernièrement M. Bayrou. Je n’appartiens pas à la fonction publique. J’ai un parcours original. Un parcours de militant. Ces dernières années, j’ai eu l’honneur d’être membre de différents cabinets ministériels. Au quotidien, j’ai côtoyé beaucoup d’énarques. Une minorité est certes imbuvable. C’est souvent les moins brillants d’entre eux. Beaucoup sont conservateurs. Mais je peux affirmer qu’une écrasante majorité allie une exceptionnelle capacité de travail, une rapidité d’analyse et un réel attachement à l’intérêt général. Trois qualités non négligeables pour servir l’Etat, n’en déplaise à M.Bayrou. J’ajoute que ceux que j’ai rencontrés, n’étaient dénués ni de culture, ni d’un sens de l’humour allant parfois à jusqu’à l’autodérision, ni d’humanisme. Certains sont d’ailleurs devenus des amis. Pardon de dire qu’en République il n’y a que deux méthodes pour désigner les responsables : l’élection ou le concours. Le premier correspond à la volonté du peuple, le second est l’expression de la méritocratie. Que peut-on imaginer de mieux en République? Que veut M. Bayrou ? Rétablir un système censitaire ? Un système héréditaire ? Et puis entre nous, cher lecteur, qui peut dire qu’il ne serait pas fier si d’aventure un de ses enfants venait à sortir major de l’ENA.