En tant que professeur d'histoire-géographie d'un collège de la banlieue parisienne, c'est la 2e année que je fais découvrir le mémorial de la Shoah à mes élèves. Ce haut lieu de la "mémoire", rénové et inauguré dans sa nouvelle configuration en janvier 2005 par Jacques Chirac, est -il faut le signaler- au coeur de la réflexion intellectuelle et pédagogique concernant l'idée de génocide.
Dans ce lieu, non seulement, on trouve un espace mémoriel (le parvis, le fronton, la crypte, le mur des noms et, espace très impressionnant pour les collégiens le mémorial des enfants avec des milliers de portraits de jeunes déportés), et un musée très didactique qui permet à la fois de prendre conscience du génocide juif et de l'implication de l'Etat français, mais surtout un centre d'archives avec, par exemple, le fichier de recensement de tous les Juifs établi par la Préfecture de Police en 1941.
Il faut le rappeler -sans vouloir faire de la récupération politique qui n'a pas lieu sur ce sujet- c'est Jacques Chirac, dans un discours inspiré par sa conseillère à l'Elysée Christine Albanel, qui le 16 juillet 1995 a été le premier président de la République à reconnaître l'implication de la France dans la déportation de plus de 70 000 juifs.
Pour souligner le côté créatif et dynamique de ce lieu, j'ai déjà écrit un article à propos de l'exposition concernant "La Shoah par balles" qui s'est finie au début de l'année 2008. Je voudrais ici évoquer les activités pédagogiques qui sont proposées pour les écoles, les collèges et les lycées. Après avoir assisté en 2007 avec mes élèves à un atelier destiné à leur montrer comment par la culture certains Juifs ont pu résister dans les camps, le thème choisi cette année était celui des enfants cachés, c'est-à-dire de ces jeunes juifs, qui tout en échappant à la déportation ont vécu le drame souvent définitif de la séparation d'avec leurs parents pendant l'Occupation (voir le magnifique recueil de lettres : Paroles d'étoiles). Au cours de ces deux ateliers, j'ai pu observer combien le personnel du mémorial de la Shoah est vraiment remarquable pour faire comprendre à des élèves des sujets si sensibles (au sens fort de ce mot).
Autre signe -parmi tant d'autres- de la vitalité de ce lieu, le mémorial organise aujourd'hui jeudi 7 février une lecture publique par Patrick Modiano d'un livre formidable : le témoignage récemment publié d'Hélène Berr, une jeune française dont le récit est d'une qualité au moins aussi semblable que celui de la néerlandaise Anne Franck. Ce genre d'événement rencontre un tel succès qu'il faut réserver sa place à l'avance.
Un autre article paraîtra bientôt à propos du "Mur des Justes" situé le long du mémorial de la Shoah.
Vous avez raison de souligner que le devoir de mémoire n'est ni de gauche ni de droite, il est un devoir pour tous quelle que soit aussi la confession religieuse. Je suis cependant très contente de constater que Jean-Michel Sokol, un des fondateurs de "radio J" soit présent en 3e position sur la liste de Vincent Roger.
Rédigé par : Monique | 09 février 2008 à 16:24