La place Baudoyer a été aménagée par le préfet Haussmann. L'endroit ne manque pas d'atouts pour aiguillonner notre curiosité. Outre les magnifiques maisons de la Fabrique-Saint-Gervais, très bien mises en valeur par une restauration réussie, et la mairie du Quatrième, nous pouvons contempler les martiales façades de la Caserne Napoléon, qui borde le côté Ouest de la place.
Construite en 1853, sur l'emplacement de soixante-treize maisons abattues entre 1850 et 1851, elle forme un polygone irrégulier, entre la place Saint-Gervais et les rues François-Miron, de Lobau, et de Rivoli qu'il s'agissait de prolonger. Cela a conduit - on l'a déjà signalé - à raccourcir la rue des Mauvais garçons. Concédé par la Ville de Paris, l'important terrain (0,8 hectares) devait recevoir des logements pour 2 000 soldats.
Pourquoi avoir établi une caserne à cet emplacement? C'est que le souvenir des révolutions de 1830 et 1848 était encore frais, et que le programme d'"assainissement" voulu par Haussmann comprenait, à peine voilé, le dessein d'éviter les débordements révolutionnaires. Volonté de marquer l'empreinte du pouvoir, la caserne Napoléon impose donc son architecture sobre et autoritaire, dans un style néo-classique plutôt discret, si on le compare à d'autres constructions du Second Empire. Ses façades devaient être traitées de manière à s'intégrer dans le paysage urbain, entre l'Hôtel de Ville récemment agrandi, la caserne Lobau (en bord de Seine), et la future mairie du IVe arrondissement. La sculpture est reléguée aux frontons : ne manquez pas d'observer les trophées, composés de boucliers, casques et peaux de lions dans la plus pure tradition antiquisante.
L'ouvrage dirigé par Jean-François PERNOT et Luc THOMASSIN, Le patrimoine militaire de Paris, collection "Action artistique de la Ville de Paris", édition Ville de Paris, vous permettra, si vous le souhaitez, d'en savoir plus sur ce bâtiment et son histoire (pages 165-166). Ainsi, vous pourrez découvrir qu'il était véritablement novateur en son temps, offrant des chambres de quarante-huit lits disposés sur quatre rangées !
En 2009, après plus d'un siècle et demi d'occupation des lieux, la Garde républicaine quittera la caserne. Le maire actuel de Paris souhaite y installer des bureaux pour la Ville. Il a déjà été signalé à plusieurs reprises qu'au contraire, Vincent ROGER souhaite réutiliser cet espace pour en faire un complexe sportif de qualité, et pour créer des logements à loyer intermédiaire (voir un article de décembre 2007). La maire sortante a invoqué que l'espace disponible était trop peu important en raison de la présence d'une cellude de crise. Elle semble ignorer que cet espace représente environ 100 m2 et que le projet de Vincent ROGER ne prévoit pas d'y toucher. Pour en savoir plus, voir un article récent sur le blog de campagne.
Article écrit par Emmanuel et Raphaël