Qui a dit que faire du sport dans le Quatrième était difficile ? Chers amis, partisans du dynamisme, amateurs de sensations fortes : bienvenue ! Le parcours que je vous propose aujourd’hui dépasse de loin les cascades les plus folles d’Indiana Jones ! J’ai nommé le nouvel espace « Piétons-Bus » du terre-plein Saint-Paul. Parés pour le décollage ? Top départ. Vous arrivez (à pied) de la rue François-Miron, le cœur joyeux et avenant. Au moment de traverser la rue de Fourcy et de vous engager dans la rue Saint-Antoine, vous remarquez avec stupeur qu’un grand panneau « sens interdit » vous accueille. Un sourire interrogateur aux lèvres, vous vous demandez ce qui peut bien expliquer sa présence. Vous apercevez alors un panneau annexe, qui vous informe qu'à l'avenir, ce tronçon de la rue Saint-Antoine sera un espace « Piéton-Bus ». Une appellation très poétique ma foi, et un concept qui ne manque pas d’air. Et après tout, pourquoi pas ? L’expérience vaut la peine d'être tentée !
D’un pas ferme, vous avancez donc sur le nouveau pavage, vous disant qu’il est tout de même beaucoup plus agréable que le bout de trottoir précédent. Seulement voilà, alors que vous vous croyiez en sécurité, un klaxon rageur vous fait sursauter de trois mètres. Le temps de vous retourner, et vous vous trouvez nez-à-nez avec un taxi, que vous n’aviez pas entendu venir dans le sympathique brouhaha ambiant. Exaspéré, le conducteur vous fait remarquer en le pointant du doigt un panonceau sur lequel est indiqué que la voie est fermée aux voitures, sauf bus et taxis. Confus, vous cherchez à vous excuser, mais le taxi est déjà cinq mètres devant vous, à klaxonner une autre personne. Après avoir repris vos esprits, vous vous remettez en marche, un peu moins allègre que tout à l’heure. S’engage alors une partie de slalom entre les passants qui vont et viennent du terre-plein, zigzagant et s’interpellant sans ordre. Vos sentiments amènes sont désormais sévèrement entamés, et vous sentez une pointe d’agoraphobie s’immiscer en vous. Alors que vous regardiez ailleurs, voici qu’un cycliste surgit en sens interdit sans crier gare ; les traits plein d’effroi, car il vient juste de vous repérer, il fait retentir sa sonnette. En vain, car à présent il n’aura mathématiquement plus le temps de tourner pour vous esquiver. Vous vous portez donc sur le côté, bousculant une ou deux personnes ; telle une biche aux abois, le cycliste passe en coup de vent, se contentant de vous heurter la jambe. Un joli bleu en perspective, mais cela vaut mieux qu’une collision frontale… Au moment où vous vous apprêtiez à repartir, une nouvelle bicyclette arrive, cette fois dans le bon sens, et manque de vous décapiter. Désormais à bouts de nerfs, vous marchez d’un pas excédé, n’ayant qu’une hâte : vous extraire de cet enfer ! Plus que quelques mètres, et vous serez enfin libérés. Et voici que « ding ding ding ding ding ! » le 96 (Gare Montparnasse, Porte des Lilas) arrive, cherchant vainement à se frayer un passage dans la foule chaotique. Comme (une fois n’est pas coutume) les passants s’écartent en un instant, le bus se retrouve subitement derrière vous. Encore une seconde, et vous vous trouverez réduit(e) à l’état de crêpe ! Dans un réflexe désespéré, vous vous jetez sur le côté, échappant de peu à une fin horrible. Manque de chance, un fourbe bac à fleur était là… Le spectacle que vous offrez à l'assistance, écrasé et empêtré dans les branches, est certainement très cocasse, mais vous préférez ne pas y penser. Après tout, vous n’êtes plus à ça près. Quelques pas, et vous voilà enfin sur le parvis de l’église Saint-Paul, tout meurtri, avec la ferme conviction que vous êtes un miraculé. Haletant, vous fixez les dalles grises du parvis, vous demandant pourquoi une couleur si macabre. Puis, levant les yeux vers la façade de Saint-Paul, vous êtes subitement pris d’une illumination : c’est ça ! ils ont voulu assortir les dalles du parvis à la couleur de l’église !